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Les femmes des Kennedy

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Ask not

Ask not what your country can do for you – ask what you can do for your country”. Tirée du discours prononcé par John Kennedy à l’occasion de son inauguration le 20 janvier1961, cette phrase est non seulement devenue célèbre mais en est venu à symboliser sa présidence écourtée. Avec son livre « Ask Not », Maureen Callahan, journaliste d’investigation, en détourne habilement la signification pour lui donner le sens de « ne posez pas de question, circulez, il n’y a rien à voir ».  Mais quels sont donc ces questions qu’il ne convient pas de poser ? Le titre complet du livre nous en donne la réponse : « The Kennedys and the women they destroyed ».

Les Kennedy, des hommes à femmes

Maureen Callahan part donc à la recherche des nombreuses femmes qui ont gravité dans l’orbite de la famille Kennedy : épouses, maîtresses, jeunes filles au pair, employées, stagiaires – la liste est longue. Car les Kennedy sont des hommes à femmes, qui demandent de leurs épouses d’une part qu’elles leur assurent une descendance et d’autre part qu’elles tiennent leur rang, tandis qu’ils exigent de toutes les autres qu’elles leur prodiguent des faveurs sexuelles sur demande.

L’auteur n’épargne au lecteur aucun des détails très crus qui jonchent son ouvrage, mais que La Nouvelle Ligne taira par pudeur. Deux histoires, plus connues, méritent néanmoins d’être relevées dans le cadre de ce blog.  La première est celle de Mary Jo Kopechne morte non pas sous le choc, ni même noyée, mais d’asphyxie, après que Ted Kennedy ait plongé sa voiture dans la mer en franchissant le pont de Chappaquiddick; Ted Kennedy ne signalera l’accident que le lendemain matin à la police, alors que Mary Jo Kopechne était déjà morte, non sans avoir regagné son hôtel pour la nuit. La seconde est celle du récit glaçant de la lobotomie pratiquée sans anesthésie sur Rosemary Kennedy, sœur de John, Robert et Ted, sur instruction de leur père Joseph, et qui fera d’elle une handicapée mentale pour le restant de sa vie.

Les Kennedy, entre Eros et Thanatos

Selon l’auteur, on décèle une noire pulsion qui parcourt les veines des hommes de la famille Kennedy. Leur pratique sexuelle se relève brève, violente, parfois empreinte de risque, une relation technique dont les sentiments et même le plaisir sont absents. Et là où est Eros, là aussi est Thanatos, les deux assassinats de John et Robert, le suicide de Mary Richardson, l’épouse de RFK Jr, l’accident d’avion qui coûta la vie à Kathleen en 1948 et à JFK Jr en 1999 et qui, d’après Callahan, tenait la mort, pour l’orgasme suprême.

Le rapport au pouvoir

Mais le fond de l’affaire demeure le rapport du pouvoir au sexe. Le discours inaugural de JFK, Ask Not, l’envoi d’un homme sur la lune dans le cadre du programme Apollo, la fermeté face à l’URSS lors de la crise des missiles, le combat pour les droits civiques mené par RFK, autant de causes nobles que le monde admire alors comme aujourd’hui, mais qui nourrissent par ailleurs chez ces hommes un sentiment d’impunité. L’exercice du pouvoir devient alors ce lieu qui permet de donner libre cours à des phantasmes sexuels, et dont la réalisation alimente à son tour le pouvoir.

De ce sombre tableau émerge une seule femme, belle, distinguée, cultivée, Jackie, qui après la mort de son second mari Aristote Onassis en 1975, sera employée comme tout le monde par Doubleday, une maison d’édition américaine. Elle faisait ce qu’elle souhaitait faire, plutôt que ce que ses maris souhaitaient qu’elle fasse ; il avait fallu que la grande faucheuse y passe à deux fois.

 Ask Not: The Kennedys and the Women They Destroyed by Maureen Callahan is published by Mudlark (£25).

4 Commentaires

  1. Olivier de Trazegnies Olivier de Trazegnies 30 septembre 2025

    Cher Dominique,

    Cette vision sur les Kennedy me paraît bonne, encore qu’on ne puisse jamais vraiment savoir ce qui se passe dans la tête des gens. Je n’idéaliserais peut-être pas trop Jackie (et sa sœur Radziwill) qui étaient avant tout des mondaines attirées par le bling bling (ici, même réserve en ce qui concerne mon jugement).

    En résumé, l’histoire des Kennedy dans leur ensemble était très très américaine.

    Bien amicalement.

    Olivier de Trazegnies

    P.S. D’une manière comme d’un autre, j’aimerais que l’adresse mail reste entre toi et moi.

  2. Ariel Ariel 30 septembre 2025

    Je ne suis pas persuadé que le qualificatif « distingué «  s’applique à Jacky Kennedy ….

  3. Jean-Michel Gindt Jean-Michel Gindt 30 septembre 2025

    voilà un ouvrage bien dans l’air du temps: femmes nécessairement victimes, sous-entendus (« ce qu’ils font, c’est ce que le mâle blanc fait »).
    Je suis étonné que vous vous abaissiez à recenser une telle « littérature ».

  4. Diane de Guerre Diane de Guerre 1 octobre 2025

    Cher Dominique,
    J’ai quelques doutes sur la capacité à comprendre et juger des mœurs des hommes au pouvoir. Qui sait ce qui se passe réellement dans les coulisses ? Au lieu de reprendre la saga des Kennedy on pourrait à ce compte là se pencher sur les mœurs de l’homme de pouvoir le plus connu au monde, autrement plus croustillant et actuel !
    Amicalement,
    Diane

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