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Article publié dans “Critiques et recensions”

Sully

Sully Vous vous souviendrez que le 15 janvier 2009, le capitaine Chesley «  Sully » Sullenberger avait effectué un amerrissage d’urgence sur le fleuve Hudson à New York après qu’un vol d’oiseaux eut frappé son avion et mis les deux moteurs hors d’usage. Les 155 passagers et membres d’équipage eurent la vie sauve et le monde entier salua Sully comme un héros, un héros au sang-froid, courageux et généreux, qui avait su juger correctement qu’il ne pourrait pas se poser à aucun des aéroports à proximité en raison de la perte de puissance et de l’altitude trop faible. De l’incident spectaculaire au film Clint Eastwood entreprit de tirer un film de cette noble histoire, sorti en salle vers la fin de l’an dernier. Deux problèmes surgissent d’emblée: tout d’abord, l’incident ne dure quelques minutes, bien moins que le format d’une heure quarante requis par le film et ensuite tout le monde…

Jackie: la mise en scène de l’histoire

Jackie, le biopic La critique salue ces jours-ci la sortie en salle de Jackie, le biopic consacré à Jackie Kennedy dont Nathalie Portman tien le rôle à l’écran . La nature même du genre, celui du biopic, fait en sorte que tout le monde connaît l’histoire, que ce soit celle de Jack Kennedy ou celle de la Princesse Diana, on sait comment elle finit et c’est la raison pour laquelle il ne s’agit pas de la raconter, Jackie Kennedy façonne l’histoire de son mari Car il s’agit plutôt de savoir comment le public en retiendra la mémoire et c’est à cette tâche que va s’attaquer Jackie. Jackie Bouvier Kennedy est non seulement une jeune femme riche et élégante, elle parle plusieurs langues, a étudié la littérature et dispose de connaissances approfondies en histoire. Au cours du bref mandat de son mari, elle s’attachera a transformer la Maison Blanche, demeure bourgeoise…

Le Testament de William S.

Blake et Mortimer C’est décembre et nous sommes une année paire, c’est donc que nous attendons la parution d’un nouvel album de Blake et Mortimer. Effectivement, La Nouvelle Ligne s’est procuré le plaisir de lire, avec un mois de retard, le Testament de William S., le nouvel album de la série. Dû aux talents d’Yves Sente et d’André Juillard, sans doute la meilleure paire à reprendre l’œuvre de Jacobs, l’album s’inscrit résolument dans la ligne des précédents, où il s’agit pour les héros de résoudre une énigme. Le Secret de l’Espadon, le Mystère de la Grande Pyramide, l’Enigme de l’Atlantide, autant de titres de l’œuvre originale de Jacobs qui renvoient à la résolution d’une énigme. Le Testament de William S., à nouveau les limites du genre Le choix du genre contraint les auteurs, quels qu’ils soient, à situer leur aventure grosso modo entre la fin de la guerre et le…

Bob Dylan revisited

Bob Dylan God said to Dylan, write me a song Bob said, man, you’re putting me on. God said no, you’re so wise The news said you won a prize. Oh I’m feeling stuck now said Bob with a whine Let me start out on a bottle of wine There must be a way out of here That’s the news I want to hear. You worry too much anyhow God said, you should know by now Listen to the ship’s bell ‘Cause you won the Nobel. Nobel, said Bob, what the hell? It rhymes with Belle, the Memphis Belle Never heard of it, though it sounds hip Gotta bring it back to the ship. The countess told me to go to Oslo I took the train but that was too slow I thought I’d asked the mighty Quinn He wasn’t in so I asked R.K. Linne. Bob, he said, you…

L’Affaire Arnolfini

L’Affaire Arnolfini Il compte parmi les tableaux les plus connus au monde. Exposé à la National Gallery à Londres depuis 1843, les „Epoux Arnolfini“ sont dus au pinceau de Jan Van Eyck, à qui on attribue l’invention de la peinture à l’huile. Que représente le tableau ? Un homme et une femme qui se tiennent par la main, sans doute sont-ils en train de se marier puisque le titre du tableau nous rappelle qu’ils sont époux ; sans doute des Italiens car leur nom rime avec spaghettini ; ah oui, et puis encore cette histoire du miroir convexe qui renvoie au spectateur la vérité de la scène. Affaire entendue. L’Affaire Arnolfini, une affaire, mais laquelle? Une affaire justement. « L’affaire Arnolfini », comme on évoque l’Affaire Dreyfus ou l’Affaire Harry Quebert dont il s’agit de découvrir la vérité, voilà le titre conféré par Jean-Philippe Postel à son petit livre dédie aux « secrets du tableau de…

Leonard Cohen. You want it darker.

Leonard Cohen- You want it darker. Avec la parution de You want it darker, 14e album de Leonard Cohen ces jours derniers, quatorzième et dernière station sur le chemin de croix de sa vie, c’est à nouveau une page de la jeunesse qu’évoque de La Nouvelle Ligne. Comme pour Dylan, La Nouvelle Ligne est redevable à son camarade de classe YCC de lui avoir fait découvrir la musique mais aussi les poésies de Cohen. Si Cohen s’inscrit nettement dans le sillage des auteurs-compositeurs inauguré par Bob Dylan justement, il s’en distingue néanmoins. Alors que Dylan est au départ un interprète de chansons folk composées par des tiers et en particulier par Woody Guthrie, Leonard Cohen se consacre tout d’abord à la poésie alors qu’il est encore étudiant et publie dans les années cinquante et soixante du siècle dernier trois recueils de poèmes. Leonard Cohen, un poète à la guitare En…

Dylan, de la récré au Nobel

Bob Dylan – prix Nobel Bob Dylan – prix Nobel, Forever young L’octroi du prix Nobel de littérature à Bob Dylan évoque chez La Nouvelle Ligne des souvenirs de jeunesse, que vient teinter un peu de nostalgie. Alors adolescente, La Nouvelle Ligne est redevable à un camarade de classe, YCC, un peu hors du monde mais au goût très sûr, et qui l’a guidée dans l’élaboration de sa culture en matière de musique rock, folk et un peu pop ; car YCC savait distinguer ce qui était « bon » de ce qui ne l’était pas et n’hésitait pas à prononcer, les sourcils froncés, des sentences sans appel au sujet des artistes qu’il jugeait commerciaux, Gilbert O’ Sullivan par exemple, ceux-là même qui souvent plaisaient aux filles de la classe. C’était une époque avant Youtube et iTunes où la cour de récré servait de corbeille d’échange des disques en vinyle qu’on ramenait chez…

L’artiste et la quête

Hergé au Grand Palais Une première Le 26 septembre dernier s’est ouverte à Paris une exposition dédiée à Hergé, la première que le Grand Palais ait jamais consacrée à un auteur de bande dessinée. D’emblée l’affiche qui illustre l’exposition, une combinaison d’une photo d’Hergé et d’un détail d’une planche figurant Tintin, en indique le vrai sujet, la quête intime que les aventures de Tintin ont constitué dans la vie d’Hergé Car si Hergé est également l’auteur d’autres bandes dessinées, Quick et Flupke d’une part et Jo et Zette de l’autre, et qui ont chacun leur charme, s’il s’est rêvé illustrateur d’affiches publicitaires, s’il a tâté de la peinture, c’est dans les aventures de Tintin, son œuvre intime, qu’il se révèle tout autant qu’il se trouve. « Tintin, c’est moi » déclarait Hergé. Et puis, de même que Pierre Assouline [1] avait rédigé une magnifique biographie d’Hergé, cette exposition est bien vouée à Hergé…

Vittoria de Sica

Les parfums de la Villa Strohl Fern En 1970, âgé de douze ans, fraîchement débarqué en classe de cinquième, La Nouvelle Ligne ne savait pas encore que, toute sa vie, elle cultiverait le souvenir du Lycée Chateaubriand. Si ce souvenir s’attache d’abord à un esprit, l’esprit du Lycée justement, il s’attache aussi à un lieu, la Villa Strohl Fern, face à laquelle le grand lycée, sis dans l’immeuble terne de la Via di Villa Patrizi, ne laisse qu’une image sans relief. Les charmes secrets de la Villa Strohl Fern En 1970, au seuil de l’adolescence que nous nous apprêtions à franchir, la Villa Strohl Fern offrait à nos regards, et plus encore à notre imagination, tantôt le visage d’un jardin, tantôt celui d’un parc. Enceinte au sein de la Villa Borghese, la Villa Strohl Fern présentait l’aspect d’un jardin oriental, un espace clos qui protège du monde extérieur, un espace…

Péter Esterházy

Péter Esterházy (1950-2016) “Madame la comtesse, les communistes sont arrives”. Tirée de Harmonia Caelestis (Gallimard, 2011), cette phrase résume bien la vie de son auteur, Péter Esterházy, fils d’aristocrate élevé dans un pays communiste, décédé il y a quelques jours. Péter figurera parmi les rares membres de l’aristocratie hongroise à ne pas être sortis, comme on disait alors, ni en 1945 ni en 1956. Figure majeure de la littérature hongroise contemporaine, il se distingue par une langue riche, un ton plein d’humour mais aussi par un style assez éclectique et une syntaxe expérimentale qui peuvent rendre ardue la lecture de ses ouvrages. Harmonia Caelestis Harmonia Caelestis nous plonge d’emblée dans un univers familial et même dynastique car il renvoie à une œuvre de la musique baroque, un cycle de cinquante-cinq cantates sacrées composées par Paul, premier prince Esterházy, et publiée à Vienne en 1711. Roman baroque où se mêlent la…