Simon Leys, navigateur entre les mondes De Ryckmans à Leys On trouve chez Pierre Ryckmans (le futur Simon Leys) quelque chose de Tintin, le goût du large, la passion de la mer, l’intérêt pour d’autres cultures, du Congo à l’Extrême-Orient, la recherche de la droiture. Ryckmans est de ces hommes discrets, peu connus du grand public, une sommité dans son domaine, celui de la sinologie, et qui aura marqué la vie intellectuelle de son temps, la deuxième moitié du XXe siècle. En 2010, il avait préfacé la biographie que Philippe Paquet avait consacrée à Madame Chiang Kai-shek et c’est par un juste retour des choses que Paquet, lui-même un éminent sinologue, rédige aujourd’hui la biographie de Ryckmans, alias Simon Leys. Car de même que Pierre Assouline avait composé une biographie d’Hergé, plutôt que celle de Georges Rémi, Paquet consacre son ouvrage à Simon Leys, l’homme qu’était devenu Ryckmans. Contraint pour…
Article publié dans “Critiques et recensions”
Daniel Cardon, une vie plurielle
Daniel Cardon de Lichtbuer Les lecteurs belges de La Nouvelle Ligne trouveront peut-être quelque intérêt à parcourir cette recension d’une récente biographie du Baron Daniel Cardon de Lichtbuer, due à la plume de Vincent Delcorps. Comme la Gaule qu’il aura étudiée au cours de latin chez les Jésuites, la carrière du Baron Daniel Cardon de Lichtbuer se divise en trois parties, les institutions européennes, la finance et le secteur non-marchand. Daniel Cardon est lui-même à l’origine de la conception de cet ouvrage, dont il confie la rédaction à Vincent Delcorps, journaliste et historien, bien au fait de l’histoire économique et financière belge de l’après-guerre. Les Institutions européennes À la suggestion de Jean-Charles Snoy, secrétaire général du ministère des Affaires économiques en 1958, Daniel Cardon entame un parcours de haut niveau à la CECA d’abord puis, à la suite de la fusion des exécutifs, à la CEE, en qualité de membre…
Downton Abbey
Downton Abbey- The end « What shall we do now that Downton Abbey has come to an end ? » s’interrogeait à la Chambre des Communes David Cameron, nouvellement nommé, à l’issue de la clôture de la première saison de Downton Abbey. C’était en 2010 et depuis lors cinq autres saisons sont venues différer sinon apaiser les angoisses du Premier Ministre. On a du mal à imaginer qu’un dirigeant autre que le Premier Ministre britannique puisse s’exprimer au sein d’une enceinte parlementaire au sujet d’un feuilleton de télévision mettant en scène la vie d’une famille aristocratique au siècle dernier. A la vérité, il n’y en a pas. Le monde de Downton Abbey cède la place à la classe moyenne En 1997, John Prescott, alors député travailliste pouvait déclarer: « we are all middle class now », au sens où cette catégorie sociale regroupe tous ceux qui gagent leur vie, à l’exclusion d’une part de ceux…
La reine de la République
La Comtesse Greffulhe A l’occasion de l’exposition que le Palais Galliera consacre aux robes somptueuses de la Comtesse Greffulhe, au sujet de laquelle les lecteurs du Media Suisse de Référence auront pu lire un article ces jours derniers, il paraît opportun de rappeler l’excellente biographie consacrée à la comtesse, parue en 2014, que nous devons à la plume de Laure Hillerin et dont La Ligne Claire offre une recension. Une femme en vue La Comtesse Greffulhe, la femme la plus en vue de la haute société parisienne à la Belle Epoque, offrit à la Nation ce que la jeune République n’était pas en mesure de lui donner, une reine. Fille du prince Joseph de Caraman-Chimay, gouverneur de la province de Hainaut puis ministre des affaires étrangères du roi des Belges Léopold II, elle passe son enfance, partagée entre la triste maison de Mons, chef-lieu de la province, et un vieil hôtel…
Bridge of Spies
Bridge of Spies, East, West, black, white Steven Spielberg n’a pas grand chose à dire mais il le dit toujours très bien. Le film s’ouvre sur une scène originale où l’on voit des hommes en filer mystérieusement un autre qui transporte un chevalet. Un peintre, un criminel, une erreur sur la personne ? Quelques minutes plus tard la FBI fait irruption chez ce personnage, Rudolf Abel, qui s’avère être un espion du KGB. Fin du suspense, désormais le film, Le Pont des Espions, se poursuivra sans nuances, contrairement au vrai monde de l’espionnage. Le fil relate l’histoire vraie de l’échange en 1962 entre Rudolf Abel et le capitaine Gary Powers, le pilote de l’avion espion U2 abattu deux ans plus tôt au dessus de l’Union Soviétique, arrangé par un avocat américain, James Donovan dont Tom Hanks endosse le rôle. Donovan y apparaît comme une sorte d’Oskar Schindler en monde mineur,…
Aux origines de James Bond
La véritable histoire de James Bond «Spectre», le nouveau James Bond n’aura pas fait démentir le succès de cette série où les spectateurs paient leur billet de cinéma pour se voir raconter la même histoire pour la vingt-sixième fois, sans cesse mise à jour au fil des inventions techniques qui font succéder l’Aston Martin DBS V12 à l’Aston Martin DB5. Pendant la guerre, Ian Fleming, le créateur du personnage de Bond, avait été officier au sein de la Royal Navy. Affecté au Service des Renseignements, il prit part à l’une des plus étonnantes entreprises de désinformation jamais effectuées, Operation Mincemeat, d’où il irait quelques années plus tard puiser l’inspiration pour ses premiers romans figurant James Bond. Le but de cette opération, menée en 1943, consistait à faire croire aux Allemands que le débarquement que les Alliés projetaient en Sicile se déroulerait soit en Crète soit en Sardaigne. Un faux noyé…