Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

Article publié dans “Langage”

En marche

En marche « Les Anglais, écrivait Voltaire, ont mille religions, mais ils n’ont qu’une seule sauce ». De nos jours, il semble que les Français n’aient plus qu’une seule préposition, « en ». Dans sa jeunesse La Nouvelle Ligne se demandait pourquoi il devait aller à Averboden ou Afflighem y boire une bière d’abbaye tandis que les Français se rendaient en Avignon y siroter un petit rouge ; les promenades solitaires dans la Forêt de Soignes ne permirent pas de répondre à cette question d’autant que, pendant ce temps-là, les Avignonnais eux se promenaient en forêt. De nos jours la préposition a quitté et la forêt et la Cité des Papes pour envahir tous les aspects de la vie quotidienne. Au supermarché, on est invité non seulement de payer en caisse mais on s’y voit offrir le choix de payer soit en espèces soit en carte ? La Nouvelle Ligne y perd ses belgicismes. Que veut…

Péter Esterházy

Péter Esterházy (1950-2016) “Madame la comtesse, les communistes sont arrives”. Tirée de Harmonia Caelestis (Gallimard, 2011), cette phrase résume bien la vie de son auteur, Péter Esterházy, fils d’aristocrate élevé dans un pays communiste, décédé il y a quelques jours. Péter figurera parmi les rares membres de l’aristocratie hongroise à ne pas être sortis, comme on disait alors, ni en 1945 ni en 1956. Figure majeure de la littérature hongroise contemporaine, il se distingue par une langue riche, un ton plein d’humour mais aussi par un style assez éclectique et une syntaxe expérimentale qui peuvent rendre ardue la lecture de ses ouvrages. Harmonia Caelestis Harmonia Caelestis nous plonge d’emblée dans un univers familial et même dynastique car il renvoie à une œuvre de la musique baroque, un cycle de cinquante-cinq cantates sacrées composées par Paul, premier prince Esterházy, et publiée à Vienne en 1711. Roman baroque où se mêlent la…

Tutoiement

Tu-toi-ment Enfant, La Nouvelle Ligne pouvait de temps à autre entendre en Belgique dans la bouche de gens comme il faut l’expression « On n’est pas en république ». Celui qui en faisait usage voulait indiquer à son interlocuteur un emploi jugé déplacé du tutoiement en évoquant la pratique rendue obligatoire par la République française en 1793. Le monde d’aujourd’hui n’aurait que faire de cette obligation légale tant l’usage du tutoiement s’est répandu, en particulier au sein du monde du travail. Les lecteurs de La Nouvelle Ligne qui auront suivi la série télévisée Downton Abbey sauront qu’à cette époque-là, il y a un siècle environ, il n’existait guère d’infraction à la pratique qui consistait à s’adresser à la personne en l’appelant Monsieur ou Madame X. « Madame X, voulez-vous du thé ? ». La grande exception à cet usage, illustré tout au long de la série, est celle qui gouverne les rapports entre personnes dont…

Dés-articulé

Dés-articulé Il y à un mois à la radio, la Nouvelle Ligne entendait le commentateur dire « que le remorqueur s’était porté sur zone » ; il voulait dire par là que le remorqueur s’était porté au secours d’un cargo dont la cargaison avait basculé et causé une forte gîte. Plus récemment, à l’occasion d’un match de rugby où l’un des joueurs avait été sonné, un autre commentateur-radio mentionnait qu’on l’avait sorti « sur civière ». Irritée par cette disparition de l’article, La Nouvelle Ligne a voulu en savoir plus. Une rapide recherche sur internet nous apprend l’Académie française juge familière l’omission de l’article pour marquer une proximité de lieu, une appréciation à laquelle la Nouvelle Ligne n’a pas manqué aussitôt d’apporter son concours. Ainsi plutôt que de dire « je travaille dans la région parisienne » on entendra « je travaille sur Paris » ou justement«le remorqueur s’était porté…

Le vin et le protocole

In vino veritas En définitive, il n’est jamais venu. En raison des attentats de Paris le 13 novembre dernier le président iranien Hassan Rohani a annulé sa visite en Italie, au Vatican et en France, dans le but qu’il s’entretienne avec le président François Hollande selon le protocole qui sied à la présidence. Entretemps une mini polémique avait vu le jour car le président Rohani avait refusé de prendre part à un repas au cours duquel du vin aurait été servi. Si l’attitude de Rohani peut irriter, car il lui aurait suffit de demander un demi de Contrex’, la réplique de l’Elysée, à savoir l’élévation du vin à table au rang des « traditions républicaines » est risible. Ce sont les Romains qui ont introduit la vigne en Gaule au 1er siècle avant Jésus-Christ et l’usage qui consiste à boire du vin à table fait tout simplement partie des coutumes du pays…

Halloween, c’était hier

Halloween Halloween c’était hier, aujourd’hui c’est la Toussaint, une fête qui s’établit en Occident à partir du VIIIe siècle et qui célèbre tous les saints de l’Eglise, canonisés ou non. Quant à la date du 1er novembre, elle est peut être due à des origines celtiques car on sait que les Celtes commémoraient le passage à la saison sombre à cette date-là. En anglais justement Toussaint s’appelle All Saints mais aussi All Hallows, un mot d’origine germanique, proche de l’allemand heilig. Aussi retrouve-t-on en Angleterre et, par delà, dans le monde de langue anglaise, nombre d’églises consacrées à All Hallows, All Hallows by the Wall ou encore All Hallows by the Tower à Londres par exemple- La veille de la Toussaint s’est donc appelée All Hallows’ Eve et par contraction Halloween, que tous ceux qui font leurs courses à la Migros connaissent désormais.

Tintin, au Congo et en Suisse

Noko, plur. Banoko Les lecteurs du Temps se souviendront qu’il y a près de soixante ans Tintin s’était rendu en Suisse, à Cointrin d’abord, à Cornavin ensuite, qu’il avait été victime d’une queue de poisson sur la Route Suisse qui le précipite dans le lac, et qu’il tachait de joindre la villa du professeur Topolino, route de Saint-Cergue à Nyon, dont il ignorait qu’elle était truffée d’explosifs. Un quart de siècle auparavant, Tintin avait entrepris le voyage de l’Afrique, c’est-à-dire de son point de vue, du Congo belge. Embarqué sur le paquebot Thysville, il débarque à Matadi, le grand port du Congo, où il est accueilli par la foule en liesse et porté en triomphe aux cris de « Vivent Tintin et Milou ». Mais alors que Tintin et le Capitaine Haddock fonçaient sur la Route Suisse, les yeux rivés sur le volant, pour gagner au plus tôt la villa…