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Une émouvante histoire au féminin

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La Tresse

La Nouvelle Ligne et son épouse ont été conviés ces jours derniers à l’avant-première du film La Tresse, réalisé avec talent par Laetitia Colombani sur la base de son propre roman du même nom. Le film met en scène trois femmes, Smita en Inde, Giulia en Italie et Sarah au Canada dont les destins se trouveront croisés par une histoire de tresse où au départ le spectateur n’y voit goute. Chacune de ces trois femmes est confrontée à son destin, partir ou rester, abandonner ou persévérer ou au contraire lâcher prise. Plusieurs lignes de crête structurent ce film, présence d’un homme ou pas, importance du religieux ou pas, la place de chacun dans la structure sociale, mais en définitive le film tourne autour d’une tresse et donc de cheveux, en particulier de la chevelure féminine.

Smita fait partie de la caste des intouchables ; méprisée par beaucoup, elle entreprend un voyage à travers l’immensité de l’Inde dans le but d’assurer un meilleur avenir à sa fille. Sa foi la porte à Bénarès, sur les rives du Gange, le fleuve sacré, et plus loin à un temple consacré au dieu Vishnou où, parvenue à destination, elle accomplit un vœu, elle se fait raser la tête. Plus qu’un vœu, c’est une offrande, l’offrande de ce que la femme a de plus beau à offrir, sa chevelure. En Europe, ce geste paraît aujourd’hui incompréhensible ; pourtant, il n’y a guère, les jeunes novices qui venaient frapper à la porte du couvent, si elles n’étaient pas rasées, se voyaient néanmoins couper les cheveux. C’est du reste toujours le cas pour les nonnes bouddhistes par exemple.

Tête nue

Dans la vie laïque il était jugé inconvenant, avant mai 68 mettons, pour une femme de sortir dans la rue le chef découvert, « en cheveux » selon une expression désormais désuète. Car, dit l’apôtre Paul au chapitre 11 de la Première Épître aux Corinthiens, la chevelure a été donnée à la femme en guise de voile et c’est une gloire pour elle de porter les cheveux longs. La manifestation de cette gloire était réservée à la sphère intime, et au mari en premier lieu. De nos jours, il faut que se promène dans la rue une femme de confession musulmane, voilée en signe de pudeur, pour nous rappeler à cette exhortation biblique. Les nazis, qui tondaient les femmes à leur arrivée à Ravensbrück, ne s’y étaient pas trompés, voler leurs cheveux, c’était aussi voler leur dignité.

De même que femmes et hommes ont tous deux des cheveux, mais différents, longs ou courts, denses ou pas, sujets ou pas à la calvitie, femmes et hommes portent un regard différent sur le monde, le même monde pourtant. Film émouvant, d’une belle photographie, portée par des actrices de talent, La Tresse participe de ce regard féminin.

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