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Articles étiquetés comme “Autriche-Hongrie”

Le bâtard d’Hitler

Fils d’un aristocrate austro-hongrois, diplomate de la Double-Monarchie, et d’une concubine japonaise, époux d’une actrice juive divorcée et de surcroît son aînée de douze ans, le comte Richard Coudenhove-Kalergi (1894-1972) incarne tout ce que Hitler déteste, un caractère cosmopolite, une naissance hors mariage et, bien entendu, le mariage avec une juive. Car Coudenhove ne s’arrête pas en si bon chemin, il suit des études de philosophie à l’Université de Vienne et rejoint le rang des intellectuels que Hitler déteste, pire encore il rejoint une loge maçonnique, là où sévissent ceux que Hitler tient responsable pour les malheurs du monde. Fondateur en 1924 du mouvement Pan-Europa, Coudenhove incarne le duel toujours actuel cent ans plus tard entre intellectuels et populistes, ceux qui tiennent d’une société cosmopolite et ceux qui se réclament d’un ancrage territorial, déterminé par la terre et le sang, Boden und Blut. Lorsqu’il fonde la fédération Pan-Europa, Coudenhove la…

Comrade Baron

Un portrait de l’aristocratie hongroise en Transylvanie   Une communauté historique dépecée Neuf siècles durant, la Transylvanie, cette région située à l’ouest des Carpates a fait partie du Royaume de Hongrie ; en son sein vivaient hongrois et sicules, roumains et souabes, ukrainiens et serbes, gitans et juifs. A la chute de la Double-Monarchie, le Royaume de Hongrie s’est vu dépecé par le Traité de Trianon en 1920, qui attribua la Transylvanie à la Roumanie, dont elle fait depuis partie. De nos jours, si la Transylvanie abrite encore avec plus d’un million de Hongrois, la plus importante minorité d’Europe, ce caractère chamarré s’est estompé pour toujours : juifs et gitans ont été exterminés, les souabes de langue allemande ont été vendus par Ceausescu à la République Fédérale contre des devises fortes tandis que bon nombre de Magyars ont gagné la Hongrie. Pourtant, dès 1568, l’Édit de Turda, l’un des premiers de son…

Trianon – nostalgie d’une tragédie

La Hongrie commémore aujourd’hui le centenaire de la signature du Traité de Trianon, à coup sûr l’événement le plus traumatisant de son histoire récente. Trianon fait suite aux traités de Versailles et de Saint-Germain qui dans les faits sont imposés par les vainqueurs aux vaincus à l’issue de la Première Guerre Mondiale. Dans le cas du Royaume de Hongrie d’alors, Trianon ordonne le dépècement du pays, la perte des deux tiers de son territoire et la réduction aux frontières que nous lui connaissons encore aujourd’hui. Cette curée trouve sa justification d’une part dans les 14 Points énoncés par le Président Wilson en janvier 1918 et d’autre part par la réalité de la présence des armées ennemies sur le territoire hongrois à la conclusion de l’armistice. Wilson était un homme idéaliste qui ne parlait que l’anglais et n’avait jamais alors quitté le territoire des États-Unis, et selon lequel les peuples devaient…

Vacances en KaKanie (III): les nonnes perdues

Aux confins de l’Autriche, de la Hongrie et de la Slovénie actuelles, le château de Bertholdstein domine la vallée de la Raab depuis sa fondation au XIIe siècle ; dans son état actuel il est réputé pour sa galerie d’arcades qui ceint la cour intérieure, la plus longue d’Europe Centrale. Au XIXe siècle le comte Ladislaus Koszielski, qui se faisait appeler Sefer Pascha, le décora en style oriental, en souvenir de ces temps où les Ottomans étaient venus se presser aux marches de l’Empire des Habsbourg. Avec le dépècement de l’empire à l’issue de la Première Guerre Mondiale, le château changea à la fois de propriétaire et de destination avec l’arrivée d’une communauté de bénédictines appartenant à la congrégation de Beuron, qui devait y rester un peu moins d’un siècle jusqu’en 2010, à l’exception d’une interruption de quelques années lorsque le couvent fut fermé par les Nazis et les sœurs dispersées.…

Meurtres au château

A la question que pose Sacha Batthyány en titre du livre « Mais en quoi suis-je concerné? », l’auteur répond aussitôt par ses mots simples : «  il s’agit de moi » ou encore « je voudrais savoir ce dont j’ai hérité ». Auteur suisse Traduit de l’allemand, ce livre d’un auteur suisse issu d’une famille de l’aristocratie hongroise, se veut à la fois quête et enquête, interrogation et réponse. Plusieurs fils s’y entremêlent, la quête de l’auteur pour connaître d’une part une sombre histoire survenue au sein de sa famille mais tue depuis lors et d’autre part pour retrouver les traces du séjour de son grand-père dans le goulag russe, le récit qu’il en fait, l’évocation du traitement psychanalytique que suit Sacha Batthyány et enfin et surtout les morceaux choisis tirés de deux journaux, celui de Maritta, grand-mère de Sacha et celui d’Agnes, une juive hongroise qui habitait avant guerre Sárosd, le même village hongrois que…

Vacances en KaKanie (II): en musiques

La Ligne Claire se doit d’avouer à ses lecteurs qu’elle passe volontiers ses vacances dans un château plutôt qu’au Camping des Flots bleus. On est ici dans les anciens pays de la Double-Monarchie, où les clochers à bulbe et les châteaux à la façade peinte en jaune et aux volets verts s’érigent en sentinelles d’un espace culturel, qu’on soit en Autriche, en Hongrie ou dans les pays slaves. De tous temps, le maintient d’un château s’est révélé couteux, aussi héberge-t-il une foule d’activités économiques: ici le magasin de tapis orientaux de M. Rohani, un Iranien établi en Autriche depuis des lustres, là une guinguette et un magasin de souvenirs bien sûr et enfin des salons et même une chapelle qu’on peut louer pour des mariages. Ce jour-là dans la Schloßkapelle se déroulait justement un mariage. Une foule variée se pressait dans la petite chapelle dont l’entrée donne sur la cour…