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A Complete Unknown

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No Direction Home de Scorsese paru en 2005, I’m not there par Todd Haynes en 2007, et tant d’autres. Alors, y a-t-il encore de la place pour un nouveau film sur Bob Dylan ? Oui, répond James Mangold avec A Complete Unknown paru ses jours-ci.

Un biopic d’un genre nouveau

Mangold s’était déjà distingué en 2005 avec Walk the Line, un biopic très réussi de Johnny Cash. Mais voilà, en 2005 Cash était mort depuis deux ans tandis qu’aujourd’hui Dylan est toujours en vie, âgé de 83 ans. A Complete Unknown esquivera cet écueil et, plutôt que de présenter une biographie de Dylan, Mangold en sélectionnera un extrait, une période limitée qui s’étend de 1961 à 1965 mais qui se révèlera cruciale tant pour la carrière de Dylan que dans l’histoire de la musique folk américaine.

A complete Unknown, un parfait inconnu à New York

Né Robert Zimmermann, Dylan n’a que vingt ans lorsqu’il arrive à New York sans un sou en poche. Parfait inconnu, il vient rendre visite à Woody Guthrie mais c’est Pete Seeger qui repère le jeune artiste et qui voit en lui ce que d’autres n’ont pas encore aperçu. Guthrie et Seeger président alors aux destinées de la musique folk américaine, redécouverte depuis peu, simple, pure et politique.

Dylan débutera effectivement dans ce monde-là, celui de la folk du Greenwich Village des années soixante, qui bouillonne d’idées au sujet de la guerre du Vietnam, de la déségrégation, du combat pour les droits civiques, et dont la seule arme est la guitare acoustique. Il y débutera mais uniquement en vue de poursuivre sa propre course, celle qu’il se sent destiné à tracer, quitte à laisser sur le côté de la route ceux-là mêmes qui lui ont mis le pied à l’étrier, Pete Seeger, Joan Baez et ses petites amies du moment.

La qualité de l’interprétation et de la production

Tout cela cependant est déjà bien connu. L’intérêt du film tient d’abord à la qualité exceptionnelle des interprétations, Timothée Chalamet dans le rôle de Dylan, Monica Barbaro dans celui de Baez et enfin Edward Norton dans le celui de Seeger. Chalamet disparaît graduellement derrière son personnage au fur et à mesure que Zimmermann devient Dylan ; il en adopte la chevelure, les maniérismes et sa voix singulière.

Mais surtout Chalamet et Barbaro ont pris des cours de chant et de guitare et jouent les nombreuses chansons live. On y est, Chalamet est devenu Dylan si bien que le spectateur est transporté au New York des années 60 du siècle dernier. Chalamet et Barbaro sont aujourd’hui âgés de 29 et 34 ans ; de l’avis peu expert de La Nouvelle Ligne, ce film marquera un tournant dans leur carrière et il est même possible qu’on tire leur nom du chapeau lors de la prochaine cérémonie des Oscars.

On notera le soin apporté par l’équipe de production dans la reconstitution de l’ambiance de l’époque, les décors et les costumes, l’équipement du studio d’enregistrement, les habitudes sociales – la cigarette par exemple – qui donnent au film sa juste tonalité, qui témoigne des tensions sociales qui traversent le Village sans en faire un road trip nostalgique des sixties.

A complete Unknown, mais une fin connue

En dépit de son caractère original, A Complete Unknown s’inscrit pleinement dans le genre du biopic et se heurte aux limites du genre, une longueur excessive qui découle de la nécessité de présenter tous les personnages, une absence totale d’intrigue et une fin que le spectateur connaît déjà.

A la fin justement, Dylan se produira au Newport Festival en 1965 et y jouera de la guitare électrique, une hérésie, coupant les ponts avec le monde de la folk, qui lui avait permis d’émerger. On connaît la fin du film mais Mangold arrive néanmoins à créer une tension, un suspense en attendant que ce produise cet événement inévitable. Puis, Dylan enfourche sa moto et disparaît. It’s all over now baby blue. On ne saurait être plus clair.

Dans la vraie vie, Dylan demeure ce personnage énigmatique, tout à la fois présent et absent, dont on connait la face publique mais dont on ignore l’homme privé. Un parfait inconnu. C’est lui que Mangold a voulu réaliser et que Chalamet a interprété avec grand talent, provoquant cette émotion que La Nouvelle Ligne avait ressentie en découvrant les albums de Dylan au lycée il y a cinquante ans.

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