Leonard Cohen- You want it darker. Avec la parution de You want it darker, 14e album de Leonard Cohen ces jours derniers, quatorzième et dernière station sur le chemin de croix de sa vie, c’est à nouveau une page de la jeunesse qu’évoque de La Nouvelle Ligne. Comme pour Dylan, La Nouvelle Ligne est redevable à son camarade de classe YCC de lui avoir fait découvrir la musique mais aussi les poésies de Cohen. Si Cohen s’inscrit nettement dans le sillage des auteurs-compositeurs inauguré par Bob Dylan justement, il s’en distingue néanmoins. Alors que Dylan est au départ un interprète de chansons folk composées par des tiers et en particulier par Woody Guthrie, Leonard Cohen se consacre tout d’abord à la poésie alors qu’il est encore étudiant et publie dans les années cinquante et soixante du siècle dernier trois recueils de poèmes. Leonard Cohen, un poète à la guitare En…
Article publié dans “Critiques et recensions”
Dylan, de la récré au Nobel
Bob Dylan – prix Nobel Bob Dylan – prix Nobel, Forever young L’octroi du prix Nobel de littérature à Bob Dylan évoque chez La Nouvelle Ligne des souvenirs de jeunesse, que vient teinter un peu de nostalgie. Alors adolescente, La Nouvelle Ligne est redevable à un camarade de classe, YCC, un peu hors du monde mais au goût très sûr, et qui l’a guidée dans l’élaboration de sa culture en matière de musique rock, folk et un peu pop ; car YCC savait distinguer ce qui était « bon » de ce qui ne l’était pas et n’hésitait pas à prononcer, les sourcils froncés, des sentences sans appel au sujet des artistes qu’il jugeait commerciaux, Gilbert O’ Sullivan par exemple, ceux-là même qui souvent plaisaient aux filles de la classe. C’était une époque avant Youtube et iTunes où la cour de récré servait de corbeille d’échange des disques en vinyle qu’on ramenait chez…
L’artiste et la quête
Hergé au Grand Palais Une première Le 26 septembre dernier s’est ouverte à Paris une exposition dédiée à Hergé, la première que le Grand Palais ait jamais consacrée à un auteur de bande dessinée. D’emblée l’affiche qui illustre l’exposition, une combinaison d’une photo d’Hergé et d’un détail d’une planche figurant Tintin, en indique le vrai sujet, la quête intime que les aventures de Tintin ont constitué dans la vie d’Hergé Car si Hergé est également l’auteur d’autres bandes dessinées, Quick et Flupke d’une part et Jo et Zette de l’autre, et qui ont chacun leur charme, s’il s’est rêvé illustrateur d’affiches publicitaires, s’il a tâté de la peinture, c’est dans les aventures de Tintin, son œuvre intime, qu’il se révèle tout autant qu’il se trouve. « Tintin, c’est moi » déclarait Hergé. Et puis, de même que Pierre Assouline [1] avait rédigé une magnifique biographie d’Hergé, cette exposition est bien vouée à Hergé…
Vittoria de Sica
Les parfums de la Villa Strohl Fern En 1970, âgé de douze ans, fraîchement débarqué en classe de cinquième, La Nouvelle Ligne ne savait pas encore que, toute sa vie, elle cultiverait le souvenir du Lycée Chateaubriand. Si ce souvenir s’attache d’abord à un esprit, l’esprit du Lycée justement, il s’attache aussi à un lieu, la Villa Strohl Fern, face à laquelle le grand lycée, sis dans l’immeuble terne de la Via di Villa Patrizi, ne laisse qu’une image sans relief. Les charmes secrets de la Villa Strohl Fern En 1970, au seuil de l’adolescence que nous nous apprêtions à franchir, la Villa Strohl Fern offrait à nos regards, et plus encore à notre imagination, tantôt le visage d’un jardin, tantôt celui d’un parc. Enceinte au sein de la Villa Borghese, la Villa Strohl Fern présentait l’aspect d’un jardin oriental, un espace clos qui protège du monde extérieur, un espace…
Péter Esterházy
Péter Esterházy (1950-2016) “Madame la comtesse, les communistes sont arrives”. Tirée de Harmonia Caelestis (Gallimard, 2011), cette phrase résume bien la vie de son auteur, Péter Esterházy, fils d’aristocrate élevé dans un pays communiste, décédé il y a quelques jours. Péter figurera parmi les rares membres de l’aristocratie hongroise à ne pas être sortis, comme on disait alors, ni en 1945 ni en 1956. Figure majeure de la littérature hongroise contemporaine, il se distingue par une langue riche, un ton plein d’humour mais aussi par un style assez éclectique et une syntaxe expérimentale qui peuvent rendre ardue la lecture de ses ouvrages. Harmonia Caelestis Harmonia Caelestis nous plonge d’emblée dans un univers familial et même dynastique car il renvoie à une œuvre de la musique baroque, un cycle de cinquante-cinq cantates sacrées composées par Paul, premier prince Esterházy, et publiée à Vienne en 1711. Roman baroque où se mêlent la…
La Princesse Lilian
Séduisante, intelligente et dangereuse: la Princesse Lilian Séduisante, intelligente et dangereuse ; voilà la Princesse Lilian décrite sous la plume d’un collaborateur de son beau-frère, le Prince Charles de Belgique, alors Régent. Réputée la plus belle femme de son temps, Lilian Baels, deuxième épouse du Roi des Belges Léopold III à la suite de leur mariage religieux, alors tenu secret, le 11 septembre 1941, déclenchera les passions les plus vives. Louée par ses partisans en raison de sa culture, de son charme et de son intelligence, ses ennemis la tiennent au contraire pour une colérique, une intrigante et une ambitieuse qu’ils comparent volontiers à la belle-mère dans le conte de Blanche-Neige. Une nouvelle biographie, due à la plume de l’historien belge Olivier Defrance, vient jeter un éclairage neuf sur la vie de cette femme fascinante. Defrance s’appuie pour la première fois sur des entretiens avec la Princesse et son entourage comme…
Simon Leys
Simon Leys, navigateur entre les mondes De Ryckmans à Leys On trouve chez Pierre Ryckmans (le futur Simon Leys) quelque chose de Tintin, le goût du large, la passion de la mer, l’intérêt pour d’autres cultures, du Congo à l’Extrême-Orient, la recherche de la droiture. Ryckmans est de ces hommes discrets, peu connus du grand public, une sommité dans son domaine, celui de la sinologie, et qui aura marqué la vie intellectuelle de son temps, la deuxième moitié du XXe siècle. En 2010, il avait préfacé la biographie que Philippe Paquet avait consacrée à Madame Chiang Kai-shek et c’est par un juste retour des choses que Paquet, lui-même un éminent sinologue, rédige aujourd’hui la biographie de Ryckmans, alias Simon Leys. Car de même que Pierre Assouline avait composé une biographie d’Hergé, plutôt que celle de Georges Rémi, Paquet consacre son ouvrage à Simon Leys, l’homme qu’était devenu Ryckmans. Contraint pour…
Daniel Cardon, une vie plurielle
Daniel Cardon de Lichtbuer Les lecteurs belges de La Nouvelle Ligne trouveront peut-être quelque intérêt à parcourir cette recension d’une récente biographie du Baron Daniel Cardon de Lichtbuer, due à la plume de Vincent Delcorps. Comme la Gaule qu’il aura étudiée au cours de latin chez les Jésuites, la carrière du Baron Daniel Cardon de Lichtbuer se divise en trois parties, les institutions européennes, la finance et le secteur non-marchand. Daniel Cardon est lui-même à l’origine de la conception de cet ouvrage, dont il confie la rédaction à Vincent Delcorps, journaliste et historien, bien au fait de l’histoire économique et financière belge de l’après-guerre. Les Institutions européennes À la suggestion de Jean-Charles Snoy, secrétaire général du ministère des Affaires économiques en 1958, Daniel Cardon entame un parcours de haut niveau à la CECA d’abord puis, à la suite de la fusion des exécutifs, à la CEE, en qualité de membre…
Downton Abbey
Downton Abbey- The end « What shall we do now that Downton Abbey has come to an end ? » s’interrogeait à la Chambre des Communes David Cameron, nouvellement nommé, à l’issue de la clôture de la première saison de Downton Abbey. C’était en 2010 et depuis lors cinq autres saisons sont venues différer sinon apaiser les angoisses du Premier Ministre. On a du mal à imaginer qu’un dirigeant autre que le Premier Ministre britannique puisse s’exprimer au sein d’une enceinte parlementaire au sujet d’un feuilleton de télévision mettant en scène la vie d’une famille aristocratique au siècle dernier. A la vérité, il n’y en a pas. Le monde de Downton Abbey cède la place à la classe moyenne En 1997, John Prescott, alors député travailliste pouvait déclarer: « we are all middle class now », au sens où cette catégorie sociale regroupe tous ceux qui gagent leur vie, à l’exclusion d’une part de ceux…
La reine de la République
La Comtesse Greffulhe A l’occasion de l’exposition que le Palais Galliera consacre aux robes somptueuses de la Comtesse Greffulhe, au sujet de laquelle les lecteurs du Media Suisse de Référence auront pu lire un article ces jours derniers, il paraît opportun de rappeler l’excellente biographie consacrée à la comtesse, parue en 2014, que nous devons à la plume de Laure Hillerin et dont La Ligne Claire offre une recension. Une femme en vue La Comtesse Greffulhe, la femme la plus en vue de la haute société parisienne à la Belle Epoque, offrit à la Nation ce que la jeune République n’était pas en mesure de lui donner, une reine. Fille du prince Joseph de Caraman-Chimay, gouverneur de la province de Hainaut puis ministre des affaires étrangères du roi des Belges Léopold II, elle passe son enfance, partagée entre la triste maison de Mons, chef-lieu de la province, et un vieil hôtel…