Slow Horses – les chevaux de trait de MI5
Ces jours derniers, Apple TV diffusait la saison 5 de Slow Horses, sur laquelle La Nouvelle Ligne porte la même appréciation favorable qu’elle avait portée sur les saisons précédentes.
Fait rare dans le monde des séries, parvenue à la saison 5, elle n’a clairement pas atteint sa date de péremption. On y retrouve la même équipe de bras cassés, qui enquêtent sur une série d’événements étranges, des moteurs de voitures qui prennent feu, et qui ne sont pas sans rappeler l’intrigue qui lance Tintin au Pays de l’Or Noir.
On y retrouve les mêmes protagonistes, les rebuts du MI5 envoyés au purgatoire de Slough House en raison de quelque peccadille, que le spectateur aura bien vite oubliée. Car ce qui compte, c’est leur aptitude à s’accommoder de leur lamentable sort et à réussir là où le véritable MI5 échoue.
Slow Horses, saison 5, le déclin en toile de fond
Si les romans d’Agatha Christie trouvent leur place dans les manoirs de la gentry à l’époque où l’empire britannique atteint son apogée, Slow Horses a pour cadre son destin depuis la guerre : les locaux minables de Slough House, les council estates, HLM britanniques décaties, qui suintent la misère, la malbouffe, la bruine incessante, la grisaille londonienne, tout cela témoigne d’un déclin impérial que rien ne vient arrêter.
Pourtant, ni Mick Herron, l’auteur de romans policiers, dont est tirée la série, ni Sam Metzstein, le réalisateur ne baignent dans une nostalgie brexitienne. Bien au contraire, ils puisent à grandes brassées dans un fond commun qui fait le charme culturel de la Grande-Bretagne : les romans policiers, mais plus encore les romans d’espionnage de John Le Carré au ton désabusé, un humour pince sans rire, et les sitcoms à la Yes Minister, qui font la part belle aux réparties. Ils assument à fond le déclin du pays qui non seulement sert de toile de fond à la série, mais en est le véritable sujet.
La qualité de l’interprétation
Comme pour les séries précédentes, ce qui emporte l’affaire en définitive, c’est la qualité de l’interprétation, et des joutes verbales que se livrent au premier chef Gary Oldham et Kristen Scott Thomas, suivis de leurs équipiers respectifs. « Seuls les incapables s’en tirent d’ici vivants ».
Oldman, sale et vulgaire, incarne ce déclin britannique face à Scott Thomas, froide, calculatrice et peu efficace, sauf quand il s’agit de sauver sa peau. Le scénario peu plausible, en définitive, compte pour peu et n’a d’autre but véritable que de permettre à ces jouteurs verbaux de s’affronter. Le spectateur n’y trouvera que du plaisir.






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