La Nouvelle Ligne se souvient encore d’une scène dans la cour de récré au cours de laquelle l’un de ses camarades de classe soutenait que Jacques Brel était un chanteur français plutôt que belge.
Cinquante ans plus tard, ce n’est plus la France qui est le premier pays par le nombre d’habitants, mais le Congo (ex belge). Cette évolution démographique marque aussi dans son sillage un déplacement du centre de gravité de la francophonie vers une langue moins normée, où les régionalismes seront appelés à occuper une plus grande place.
On ne compte pas les mots que le français, tel qu’on l’on parle en Belgique, a emprunté au flamand ; kot, berme, bourgmestre sont de ceux-là, de même que des tournures de phrase d’origine germanique, endéans par exemple (cf innerhalb en allemand).
Des belgicismes aux variantes régionales
De l’avis de La Nouvelle Ligne, il y a cinquante ans on éprouvait encore en Belgique une certaine gêne vis-à-vis du « français de France », alliée à un léger dédain envers ceux qui en Belgique « pinçaient leur français », c’est-à-dire s’efforçaient de parler comme des Français, voire qui « faisaient de leur stouff ». Aujourd’hui cette gêne semble avoir disparu de sorte que les belgicismes d’antan cèdent le pas à une utilisation assumée des riches particularismes du français de Belgique.
Au Moyen Âge, au temps où florissait en Flandre l’industrie drapière, il ne seyait pas que des femmes puissent présenter ce que nous appellerions de nos jours des collections. Ce rôle revenait à des pages, des hommes de petite taille, des mannequins (manneke, où le suffixe –ke en flamand dénote un diminutif), qui revêtaient les nouvelles créations de la haute couture en vue de les présenter à une clientèle, alors comme aujourd’hui, féminine.
Et c’est ainsi que la contribution la plus insigne des Belges à l’embellissement de langue française est assurément marquée par le glissement sémantique qu’ils ont opéré, avec la grâce qu’on leur connaît, du mot mannequin, de la figure 1 vers la figure 2.
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