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Le Pape François en Belgique

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Le Pape François en Belgique

Il y a quelques années déjà, alors que La Nouvelle Ligne rendait visite à ses parents, elle demanda au curé du village la raison pour laquelle il n’avait pas entamé la messe par un signe de croix.

  • Pour ne pas exclure la chorale, qui venait de chanter le chant d’entrée.

Cette vignette permet d’illustrer l’état de l’Église en Belgique, à laquelle le Pape François rend visite aujourd’hui. Si la Belgique participe du mouvement de déchristianisation qui marque l’ensemble du continent européen, elle se distingue par un zèle envers des changements de société profonds : avortement d’abord et euthanasie et mariage de personnes de même sexe ensuite. L’Église de Belgique fait alors le choix d’accompagner ces mouvements de société plutôt que de s’y opposer ou même d’affirmer une identité propre, distincte de celle du monde. On se souviendra qu’en 1990, le cardinal Danneels avait conseillé au Roi Baudouin de signer la loi qui dépénalisait l’avortement au motif que le Roi n’agissait pas en nom personnel, mais en qualité d’une sorte de notaire du Royaume. On se souviendra aussi que le Roi Baudouin avait invoqué la liberté de conscience pour passer outre aux recommandations du cardinal et refuser de signer cette loi.

Des Pays-Bas catholiques à aujourd’hui

S’il est facile, vu de France en particulier, d’observer aujourd’hui l’état de délabrement dans lequel se trouve l’Église catholique en Belgique, on a moins conscience de son histoire. Les catholiques belges n’ont pas à faire face comme en France à un État anticlérical, qui leur cherche sans cesse noise. Lorsque la France expulse les congrégations religieuses en 1903, elles trouvent refuge dans la Belgique catholique voisine, héritière des Pays-Bas catholiques du temps de l’Ancien Régime. En Belgique, l’Église y gère universités, écoles et hôpitaux ; s’y ajoutent des mutualités chrétiennes et des syndicats chrétiens. Sur le plan politique, il existe alors un parti catholique qui s’appelle tout simplement le Parti Catholique; en 1950, son successeur, le Parti Social-Chrétien, obtiendra une majorité absolue des suffrages.  En un mot, jusqu’aux années soixante du siècle dernier, l’Église est partout présente dans la société belge, en Flandre encore davantage.

Soixante ans après le Concile Vatican II, il ne reste de tout cela qu’une façade, élégante certes, mais qui ne révèle plus qu’un village Potemkine, car pendant ce temps-là, l’Église belge s’est effondrée. L’Église belge présente cette particularité que l’archevêque de Malines-Bruxelles est d’office président de la conférence épiscopale. Dominée depuis plus de soixante ans par la ligne Suenens/Danneels/De Kezel, elle a posé des choix pastoraux et liturgiques dont on peine à mesurer les bienfaits. La brève parenthèse marquée par Monseigneur Léonard de 2010 à 2015 échouera en définitive à faire dévier cette ligne.

Histoire d’un sabordement

De nos jours, l’omission du signe de croix paraîtrait anodine tant les fantaisies liturgiques abondent, où par exemple les prêtres composent une prière eucharistique de leur crû, célèbrent l’eucharistie avec du pain acheté en boulangerie, voire utilisent des paroles invalides lors de la consécration. L’histoire de l’Église en Belgique depuis le Concile est en définitive l’histoire du choix d’un renoncement, un renoncement à sa propre identité, à sa tradition, à l’expression d’une voix qui lui soit propre, au nom d’un universalisme revendiqué et dont la catholicité est le cache-sexe. On dit du cardinal Danneels qu’il fut l’artisan de l’élection de Bergoglio. Il revient aujourd’hui au Pape François non seulement d’arpenter ce champ de ruines, mais de méditer en conscience sur la portée de ces choix pastoraux et liturgiques effectués par l’Église de Belgique, et dont lui-même se réclame.

3 Comments

  1. Patrice d'Oultremont Patrice d'Oultremont 27 septembre 2024

    Monsieur de la Barre,

    votre commentaire sur la visite du pape François en Belgique est, bien sûr, dans la droite ligne de la Ligne Claire (c’est à dire votre opinion).

    Ce pays, comme beaucoup d’autres, peine a organiser démocratiquement la société. Mais il a acquis une culture de ce qu’il est convenu d’appeler « compromis » qui permet aux habitants de « vivre ensemble ». Ce n’est pas un mince savoir-faire : peu le partagent.
    Ce savoir-faire vient de la longue histoire d’une région dont les religions et les empires se sont disputés le contrôle. Le Christianisme y a imprimé une marque profonde qui reste à la base du « vivre ensemble » belge. C’est lui que vient saluer François.

    Les regrets de la Ligne Claire quant à l’évolution des pratiques et règles du « vivre ensemble » belge participent d’une réflexion obsolète. On ne voit donc pas leur utilité.

  2. Elizabeth CHEVALIER Elizabeth CHEVALIER 27 septembre 2024

    Il y a un excellent reportage sur la situation de la catholicité en Belgique dans un « Famille chrétienne » d’il y a quelques semaines.
    Je crains que, malheureusement, le pape ne soit tout à fait enchanté de la situation, sauf, rendons lui cet hommage en ce qui concerne ce que vous appelez pudiquement  » mouvements de société ».
    Son attitude face à la liturgie traditionnelle ne me laisse guère d’illusions, ni pour la Belgique , ni pour le reste du monde.

    Elizabeth C.

  3. Idriss Toudji Idriss Toudji 27 septembre 2024

    C’est la question de la morale dite prospective. Il m’est tombé entre les mains un essai de Jean Fourastié portant ce titre. Comprendre : la morale doit accompagner, en s’y conformant, les évolutions des moeurs et les exigences de la vie moderne.

    Or, l’homme est fait pour la morale et non la morale pour l’homme. Mais notre époque, si prompte à tolérer, entend plier la morale (et le droit) à toutes les fantaisies individuelles — je n’ose pas dire à toutes les folies. Avortement, légalisation du cannabis, mariage pour tous, etc.

    La position de l’Église, pas seulement de l’Église de Belgique, est lâche, veule, d’un christianisme « tiède » comme on disait autrefois. C’est l' »Église qui suit le train du monde au lieu de le rompre ». L’expression est de Maurice Clavel. Je n’ai pas une grande sympathie pour le personnage, mais son film, Le soulèvement de la vie, ne m’a pas laissé indifférent : https://www.youtube.com/watch?v=KHsGAiqqz9w

    NB :
    Deux coquilles ont échappé à votre vigilance :
    1° avortement d’abord et euthanasie et mariage de personnes de même (sexe) suite ensuite (sexe)
    2° jusqu’aux années soixante du siècle dernier, l’Église est partout présente dans la société belge, en Flandre encore d(’)avantage. (davatange)

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