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Article publié dans “Eglise”

La Sanctification du Monde

Il y a un peu plus de soixante ans, le 11 octobre 1962 s’ouvrait le concile Vatican II qui allait marquer l’Église catholique de manière profonde jusqu’à nos jours. A l’occasion de cet anniversaire, George Weigel, un intellectuel catholique américain de premier plan connu pour sa magistrale biographie de Jean-Paul II, a publié ce petit livre, To Sanctify the World, à destination d’un public généraliste mais averti.

Décès du Pape émérite

Le décès ce matin du pape émérite Benoît XVI confère, de l’avis de La Ligne Claire, au pape François un espace de liberté que sans doute il attendait. Réputé le plus grand théologien de son temps, Joseph Ratzinger avait succédé au pape philosophe, Jean-Paul II ; à deux ils s’étaient fixés pour mission de clarifier de manière définitive et officielle la manière dont il convient de lire les textes promulgués par le Concile Vatican II. Favori lors du conclave de 2005, Ratzinger devenu Benoît XVI, crée la surprise en abdiquant en 2013, une première en plus de 700 ans mais aussi sans doute un précédent appelé à se renouveler au vu de l’espérance de vie actuelle. Il est curieux de signaler que Ratzinger aura été plus longtemps pape émérite que pape régnant et que son geste aura permis l’arrivée d’un style nouveau de papauté incarné par Bergoglio, qui estime que ses deux prédécesseurs ont accompli la mission qui leur revenait afin que lui puisse mener à bien la sienne.

Apologie de la foi catholique

Évêque depuis juin dernier de Winona-Rochester au Minnesota, Robert Barron est connu comme le fondateur de l’institut Word on Fire (https://www.wordonfire.org/), qui promeut l’apostolat en ligne. C’est à son inspiration et impulsion qu’on doit la publication de The New Apologetics, un petit recueil d’une quarantaine d’essais traitant de la théologie et de la philosophie, de la psychologie et de la sociologie, des sciences et des arts. Par apologie il y a lieu d’entendre la défense raisonnée de la foi (ici catholique), à la fois une nécessité et un devoir selon ce qui est écrit au chapitre III, verset 15 de la 1ère épître de Saint Pierre. Son but est d’affirmer la vérité de la Révélation, l’harmonie entre foi et raison et une saine compréhension de la liberté humaine.

L’Eglise et le féminin

Anne-Marie Pelletier Titulaire en 2014 du Prix Ratzinger, membre de l’Académie Pontificale pour la Vie, enseignante au Collège des Bernardins, docteur en sciences des religions, en un mot théologienne de premier plan, Anne-Marie Pelletier examine dans son dernier livre, l’Église et le féminin, la place des femmes au sein de l’Église à la lumière de la Tradition. Au départ, la Tradition Point de départ essentiel de sa réflexion, Pelletier s’appuie sur la Tradition, qu’elle distingue des traditions et qu’elle conçoit comme un mouvement de la foi, plutôt qu’un message immobile. Très attachée à la Bible aussi, elle la lit comme le récit où Dieu se déploie dans la réalité très concrète, charnelle et parfois crue de notre humanité. Ensuite, la mémoire critique Pelletier s’attache d’abord à effectuer un travail d’archéologie ou, si l’on préfère, de mémoire critique, qui vise à identifier la distribution des rôles et du pouvoir parmi les…

Coup de théâtre à l’Ordre de Malte

Le Pape François fait le ménage Coup de théâtre à Rome. La semaine dernière, de manière tout à fait inédite le Pape François a résolu de révoquer tous les organes de direction de l’Ordre de Malte y compris la fonction de Grand Chancelier occupée par Albrecht Boeseleger, de nommer un Conseil souverain provisoire, de convoquer un chapitre général extraordinaire pour le 25 janvier 2023 et de promulguer avec effet immédiat une nouvelle Charte. La crise institutionnelle que connaît l’Ordre remonte au mandat de l’ancien Grand Maître Fra’ Matthew Festing (1949-2021), qui avait licencié Boeselager, à la suite de quoi le Pape François avait contraint le Grand Maître à la démission et rétabli Boeselager dans ses fonctions en 2017. Le successeur de Festing, Giacomo della Torre, était quant à lui décédé en 2020 à l’âge de 75 ans à l’issue d’un court règne. En attendant l’élection d’un nouveau Grand-Maître, la lieutenance…

Synode et Chemin synodal

Synode et Chemin synodal. Il y a quelques mois, à l’issue d’une messe qu’un prêtre allemand ami de La Nouvelle Ligne avait célébrée sous les murailles du château centenaire de sa famille, il lui confiait que l’intention cachée derrière le Synode sur la synodalité lancé en 2021 était de noyer le Chemin synodal allemand qui avait lui démarré en 2019. La mise en garde très sévère émise par le Saint-Siège à l’égard du Chemin synodal dans un communiqué daté du 21 juillet dernier semble confirmer ce point de vue. On se souviendra que lors des JMJ de Rio en 2013, peu après son élection, le Pape François avait enjoint les jeunes à « mettre la pagaille » dans l’Église. Cette première injonction s’est révélée assez typique du pontificat, qui laisse volontiers courir les initiatives, dont certaines se révèleront à la lumière du discernement portées par l’Esprit Saint et d’autres pas. Dans ce…

Monastère Mater Ecclesiae, lieu de cohabitation

Massimo Franco In Principio En février 2013, Benoît XVI, sentant sa fin prochaine, dans un geste inédit, déposa sa tiare et annonça son abdication en latin aux cardinaux réunis qui ne comprirent guère la signification de ce qu’ils entendaient et moins encore sa portée. En réalité, il n’en est rien. Si Benoît XVI était alors âgé de 86 ans, il n’était ni mourant ni malade. Selon Massimo Franco, journaliste au Corriere della Sera, soumis à de fortes pressions, Benoît XVI craignait une répétition à terme de la fin du règne de Jean-Paul II, où la faiblesse du pape avait ouvert la porte aux luttes de pouvoir au sein du Vatican. Neuf ans plus tard, du simple fait que Benoît XVI soit toujours en vie, les raisons invoquées lors de la démission, le manque de la force physique et mentale nécessaire au bon exercice du ministère papal et le souhait de…

La Fin de la Chrétienté

Un essai de Chantal Delsol Dans son dernier petit essai, la philosophe Chantal Delsol décrit la disparition de la chrétienté, c’est-à-dire de cette civilisation européenne issue de la foi chrétienne et qui aura forgé les lois, les mœurs et les arts au long de seize siècles qui courent de la fin du IVe siècle au milieu du siècle dernier. Elle décrit les effets de ce qu’elle appelle l’inversion normative, c’est-à-dire de ce renversement au titre duquel ce qui était autrefois interdit devient aujourd’hui non seulement autorisé mais promu. Lorsque le christianisme s’impose dans l’Antiquité en déclin, il impose un grand nombre de normes au sujet du divorce, de l’avortement et de l’infanticide, le suicide et l’homosexualité, autant de pratiques largement répandues chez les Grecs et les Romains. Selon Delsol, leur retour depuis la deuxième moitié du XXe siècle ne constitue pas seulement un effondrement de la morale chrétienne mais un…

Le Pape François et Pie XII

Le Pape François face à l’Ukraine De l’avis de La Nouvelle Ligne, face à la guerre en Ukraine, le pape François se trouve imbriqué dans une situation qui rappelle par certains aspects celle dans laquelle se trouvait Pie XII pendant la guerre. Certes le Vatican, pays neutre, ne se retrouve pas aujourd’hui sous la menace d’une armée d’occupation et le pape demeure libre de ses mouvements, mais la guerre restreint dans les faits la capacité du pape à s’exprimer en public. Lorsque la réalité de la Shoah devient claire, on pressera Pie XII de toutes parts d’élever la voix en public contre ce qui apparaît de plus en plus nettement comme une extermination systématique des juifs d’Europe. En 1942, à l’occasion du message radiodiffusé de Noël, le pape prononcera la phrase suivante : « Ce vœu [de mettre fin à la guerre], l’humanité le doit à des centaines de milliers…