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Majordome du Monde

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Oliver Bullough, le Royaume-Uni, on- and offshore

A l’heure où le monde entier frappe de sanctions les oligarques russes, voilà un livre dont la parution tombe à point. Butler to the world, c’est le titre donné par Oliver Bullough, un journaliste contributeur du Guardian et de la BBC, à son livre où il décrit la manière dont le Royaume-Uni est devenu la destination préférée de capitaux étrangers, parfois d’origine douteuse.

Bullough défend la thèse selon laquelle il ne s’agit pas d’un événement fortuit mais le fruit d’une longue histoire qui a mené le Royaume-Uni à mettre sur pied un éventail de prestataires de services, non seulement banquiers, comptables, trustees mais aussi jardiniers, chauffeurs, gardes du corps et nounous. Sous la plume de Bullough, ce sont là les services que fournit un majordome à ceux qui peuvent le rémunérer bien entendu, mais pas aux autres. Car le butler voit tout et ne dit rien.

Le Royaume-Uni, plateforme offshore

Bullough raconte en neuf chapitres autant d’histoires qui illustrent l’émergence des éléments qui contribueront à faire du Royaume-Uni la plateforme offshore par excellence à l’échelle du monde : le marché des euro-dollars, l’industrie des paris en ligne à Gibraltar, une gamme de structures juridiques parmi lesquelles il accorde une attention particulière à la Scottish Limited Partnership, qui n’est redevable d’aucun impôt.

Surtout, Bullough met en exergue le rôle clé que jouent les centres offshore, confettis de l’Empire britannique, Gibraltar, les Iles Cayman, les Iles Vierges britanniques (BVI) mais aussi l’Ile de Man, Jersey et Guernsey. Tous se réclament de la common law mais chacun offre sa variété particulière d’un service financier particulièrement avantageux : un trust, une société de domicile, l’absence d’impôt sur les sociétés. Tous contribuent à maquiller l’origine de fonds, à blanchir de l’argent d’origine criminelle et à priver des pays souvent pauvres des capitaux indispensables à leur développement.

Enfin, Bullough se désole de l’impuissance des pouvoirs britanniques et de leur manque de moyens face à des oligarques qui peuvent faire appel aux meilleurs avocats qui font en sorte que Londres demeure Londongrad.

Oliver Bullough, Butler to the World, St Martin’s Press 2022, 288 pages.

Un commentaire

  1. gnome gnome 20 mars 2022

    Comme quoi les Suisses ont été bien niais de ne pas rendre à la famille Eleanor Marcos son argent durement gagné, puis, les concurrents sentant cette faiblesse et augmentant leurs exigences, d’accepter les diktats du Gafi, renoncer à l’anonymat des comptes et des donneurs d’ordre, se soumettre petit à petit aux contraintes hypocrites de la compliance qui tue le business, bazarder le secret bancaire et maintenant, ce qui nous donnera le coup de grâce, bazarder la neutralité en appliquant pour la première fois de son histoire les sanctions d’un belligérant envers un autre belligérant, ce qui est interdit aux neutres, et en se couchant à plat ventre devant l’OTAN et l’Union Européenne, ce qui signifie qu’aujourd’hui de facto la Suisse est en état de guerre avec la Russie, elle figure sur la liste des pays hostiles à cette grande puissance nucléaire mondiale, et ne pourra plus jouer un rôle quelconque de médiateur car on ne peut pas avoir confiance en un médiateur qui n’est pas neutre.

    En plus, rappelons que les historiens de gauche nous avaient seriné que la seule chose qui nous avait sauvé en 1939-45 ce n’était pas l’armée ni la diplomatie, mais bien le fait que les grands de ce monde avaient tous leur argent dans les coffres des banques suisses. C’était une affirmation malveillante et fausse, bien entendu, mais si on se base sur cet argument alors on a eu bien tort de geler les avoirs russes en Suisse, après avoir négligé notre armée depuis 30 ans, car selon la théorie gauchiste d’avoir cet argent dans nos coffres aurait pu être la seule chose qui puisse nous protéger dans la prochaine guerre, qui est pour bientôt.

    En conclusion, à force de bienpensance, moralisme mal placé, niaiserie, lâcheté devant les pressions internationales et virtue signaling, la Suisse s’est volontairement dépouillée de tout ce à quoi elle aurait pu se raccrocher pour éviter de tout perdre.

    Le monde ne lui sait aucun gré à la Suisse de ses excès de zèle vertueux. Voilà que les Américains la cloue à nouveau au pilori.

    Quand on est con, on est con.

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