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Voyage au Tyrol

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Tyrolienne

La Nouvelle Ligne avait effectué ce jours derniers un voyage au Tyrol où elle passait quelques jours de vacances, à quelques centaines de mètres à peine de la frontière avec la Bavière. Si aux yeux extérieurs rien ne distingue ces deux provinces qui ont en commun les lederhosen, les dirndl, les chapeaux de feutre ornés d’une mèche de poils de blaireau, le dialecte et une histoire nourrie de rivalités les distinguent. Les uns et les autres ne manquent pas de rappeler qu’il y a deux cent ans, les Bavarois avaient soutenu Napoléon, flattés par la promotion de prince-électeur à roi que ce dernier avait accordé à leur souverain, et s’étaient violemment affrontés aux Tyroliens, menés par Andreas Hofer, un franc-tireur, fidèle partisan du seul empereur légitime, François II Habsbourg.

Ce jour-là c’était la fête des alpages au Tyrol. Le curé bavarois aurait dû célébrer la messe en plein air mais le temps maussade avait contraint les l’assemblée de se réfugier dans l’étable voisine. Rapidement des bancs et des tables y avaient été aménagés pour qu’on pût y célébrer la messe ; au fond, la Blaskapelle, la fanfare avait pris place devant le tas de foin avec leurs accordéons, leurs trompettes et leur tubas tandis que de l’autre côté de la barrière les vaches ruminaient non pas la parole de Dieu mais le foin.

Au Tyrol, kein Bier vor vier 

Alors que le prêtre célébrait son office s’excusant presque d’être venu de drüben, de là-bas, c’est-à-dire de Bavière, dehors les gars du village se tenaient là et sirotaient la première bière de la journée, faisant mentir le dicton « Kein Bier vor vier », en draguant les quelques filles qui n’étaient pas à la messe, vêtues de lederhosen version hot pants et d’une blouse à carreaux rouges et blancs nouée sous la poitrine.

Les oumpahpah de la fanfare s’étaient tus quelques instants pour permettre au prêtre d’accorder la bénédiction finale sur les fidèles rassemblés certes mais aussi sur les champs et les prairies, les forêts et le bétail. Prudents, les gars du village abandonnèrent un moment les réalités de ce monde pour celles de celui à venir, passèrent leur verre de bière de la main droite à la main gauche pour se signer en vitesse, les yeux levés un bref instant vers la main levée du prêtre avant de les replonger dans les décolletés des filles aux blouses à carreaux.

La Nouvelle Ligne ne dispose pas d’un thermomètre qui permette de mesurer si la foi de l’assemblée aujourd’hui réunie est plus ou moins grande que celle des générations passées ; tout au plus peut-on observer que ni hier ni aujourd’hui quiconque a commandé aux montagnes du Tyrol de se déplacer. Ce qui demeure cependant c’est que cette messe champêtre appartient à la culture et des Bavarois et des Tyroliens et qu’elle leur fait oublier leurs chamailleries des guerres napoléoniennes.

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