The Crown, saison 6
Il y a vingt-six ans le monde entier apprenait avec stupeur le décès de la Princesse Diana dans un accident de voiture dans le tunnel du pont de l’Alma à Paris. Célébrité mondiale de son vivant, la mort de la Princesse Diana produira une émotion inouïe qui viendra éclipser celle provoquée par Mère Theresa cinq jours plus tard. La sixième et dernière saison de la série The Crown qui paraît ces jours-ci s’ouvre donc sur la scène de l’accident mortel du 31 août 1997. Alors que son ex-mari, aujourd’hui le Roi Charles III, et ses deux fils, William et Harry, sont bien entendus tous trois toujours en vie, cette décision a donné lieu à des controverses dans la presse britannique.
La scène d’ouverture fournira bientôt au réalisateur Peter Morgan de faire entrer en scène le fantôme de Diana. Il apparaît d’abord au prince Charles lorsque celui-ci se rend à la morgue de l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière, puis à la Reine. Déjà dans le film Spencer, c’était le fantôme d’Ann Boleyn qui était apparu à la princesse tandis que Kristen Stewart, l’actrice qui interprétait son rôle, déclarait avoir éprouvé des sensations étranges lors du tournage.
Jeune fille comme il faut issue de l’aristocratie anglaise, Diana Spencer s’était forgé au fil des années un personnage d’exception, que sa mort, violente et tragique, propulse dans l’éternité de la mémoire populaire. De ce point de vue, la technique du recours au fantôme ne fonctionne que parce que Diana est déjà présente au souvenir du spectateur.
Diana, l’archétype de la princesse
Effectivement, plus d’un quart de siècle après son décès, la presse ne cesse d’évoquer son souvenir alors que le monde a déjà oublié la Reine-Mère et le Duc d’Édimbourg, décédé il y a à peine deux ans. On conserve de Diana l’archétype de la princesse, à qui on compare sans cesse Kate Middleton, la nouvelle princesse de Galles, et dont semble vouloir se réclamer Megan Markle, qui estime qu’il y a une place à prendre.
On a longtemps reproché à la série The Crown de confondre la fiction et la réalité ; avec le recours au fantôme de Diana, cette objection tombe. Princesse des cœurs de son vivant, le fantôme nous rappelle que Diana fait figure désormais de sainte virtuelle au sein de la famille royale. Ses apparitions se fondent sur celles de Jésus ressuscité dans les Évangiles : n’ayez pas peur, il faut mourir pour renaître, je suis le chemin.
En 2006, The Crown entamait la série avec une grande dignité et le reflet de la pompe qui marque la monarchie britannique ; Claire Foy y incarnait avec élégance la jeune Elisabeth II. Sept ans plus tard, en dépit de la qualité de l’interprétation d’Elizabeth Debicki du personnage de la princesse, la série s’achève avec un soap opera qui menace de consommer la société britannique jusqu’à la fin des temps, till kingdom come.
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