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Le 9 novembre et le destin de l’Allemagne

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Au siècle dernier, l’Allemagne a produit plus d’histoire qu’elle ne pouvait en consommer. Il y a trente-quatre ans, le 9 novembre 1989, le monde entier assistait ébahi à la chute du chute du Mur de Berlin ; peu d’événements dans l’histoire ont acquis une telle résonnance, dont l’écho retentit jusqu’à nos jours. Sorte de prise de la Bastille pacifique, il y a désormais un avant et un après la chute du Mur : la disparition du communisme en Europe, l’adhésion des pays d’Europe centrale à l’Union Européenne et à l’OTAN ; même la guerre en Ukraine en est la conséquence différée, du point de vue des Russes.

De même que le 14 juillet est devenu le jour de la fête nationale française, le 9 novembre paraît être le candidat idéal à la fête nationale allemande, d’autant que la chute du mur a rapidement conduit à la réunification de l’Allemagne.

Mais voilà, le 9 novembre n’est pas un jour pareil aux autres dans l’histoire agitée de l’Allemagne au XXe siècle. Ce jour-là en 1918, le Kaiser abdique, en 1923 Hitler effectue sa tentative de putsch à Munich et surtout en 1938, dans la nuit du 9 au 10, se déroule la Nuit de Cristal, le premier pogrom d’envergure fomenté par les Nazis contre les Juifs. C’en est trop : les casques à pointe, les médailles du Kaiser, les barriques de bière et les barricades renversées et puis les bris de la vitrine de la boucherie kasher, tout cela pèse tant et tant qu’en dépit de la poussière qui retombe après que le Mur fut renversé, tout cela empêche que le 9 novembre soit érigé en fête nationale allemande.

Les Allemands commémorent leur fête nationale, der Tag der Deutschen Einheit, le 3 octobre en souvenir de la réunification des deux Allemagne scellée par traité en 1990. S’il s’agit certes d’un geste important, on est loin de la valeur symbolique que confère le panache de la chute du Mur. Mais non, le 9 novembre, Schicksalstag des Allemands, c’est trop lourd.

Un commentaire

  1. François d'Adesky François d'Adesky 10 novembre 2023

    Merci de votre analyse. A mon avis, la réunification allemande, n’est que le prélude d’un plus grand bouleversement, qui sera la réalisation d’une des prédictions du Général de Gaulle à savoir : « L’Europe de l’Atlantique à l’Oural ».
    Charles de Gaulle prenait même le parti de parler à son époque de « la Russie » s’agissant de l’URSS. Il voulait ainsi signifier qu’au-delà des aléas de l’histoire, en l’occurrence la révolution bolchevique, des réalités profondes et sous-jacentes demeuraient pérennes, les unes géographiques, les autres humaines et culturelles.
    A ceux qui se demandent pourquoi le Président de Gaulle a arrêté « son Europe » à l’Oural, je répondrai : parce que la majorité de la Russie asiatique fut dans le passé une terre de l’Empire Céleste, que les chinois d’aujourd’hui pourraient récupérer un jour…

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